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Max



Conte de Noël

Il y avait une fois un architecte ou un cheval: c’était un cheval plutôt qu’un architecte, à Philadelphie, à qui l’on avait dit: «Connais-tu la cathédrale de Cologne? fais construire une cathédrale pareille à la cathédrale de Cologne!»Et, comme il ne connaissait pas la cathédrale de Cologne, alors, il fut mis en prison. Mais, en prison, un ange lui apparut, qui lui dit: «Wolfrang! Wolfrang! pourquoi te désoles-tu?» - Il me faut rester en prison, parce que je ne connais pas la cathédrale de Cologne!- Il te manque le vin du Rhin pour bâtir la cathédrale de Cologne, mais fais-leur voir le plan, alors tu pourras sortir de prison.» et l’ange donna le plan, et il montra le plan, alors il put sortir de prison, mais jamais il ne put bâtir la cathédrale parce qu’il ne trouvait pas le vin du Rhin. Il eut l’idée de faire venir du vin du Rhin à Philadelphie, mais on lui envoya un affreux vin français de la Moselle, de sorte qu’il ne put bâtir la cathédrale de Cologne à Philadelphie; il ne fit qu’un affreux temple protestant.

Ce recueil poétique de 68 récits brefs est assorti de réflexions humoristiques ou désabusées.
Il a trouvé sa matière première dans les sujets les plus divers
-L’actualité politique: exposition coloniale (souvent décrite par les littérateurs de l’époque, ici une merveille en peu de mots); le Japon qui devient une grande puissance.
- Le débat artistique: cubisme, modernisme. Il rejette la culture classique, mais ce n’est qu’une apparence.
- Souvenir de lectures: le petit Poucet, Fantômas, Mémoires de Sarah Bernhardt, l’Ancien Testament…
- Souvenirs d’enfance: Quimper.
- la vie quotidienne: Rue Ravignan, la blanchisserie.

Les récits adoptent différents genres qui ne sont pas tous littéraires: le compte-rendu critique, le pastiche des modèles romanesques connus («Genre biographique»; «roman feuilleton») le pastiche des auteurs (surtout romantiques et symbolistes: «poème dans un goût qui n’est pas le mien»), l’enquête journalistique et le fait divers.

Le cornet à dés.
Le titre s’inspire probablement du «coup de dés» de Mallarmé un auteur que pourtant Max Jacob dit ne pas aimer dans la préface.
On jette ensemble divers éléments qui sont ensuite fondus dans un poème. Celui-ci a sa logique propre qui «imite les données de l’inconscient.»
Cependant, dans sa préface, Max Jacob revendique une esthétique classique. Il dit s’être inspiré d’Aloysius Bertrand bien davantage que de Baudelaire pour produire ses poèmes en prose. Tous ces poètes romantiques ou symbolistes cités dans la préface que Max Jacob récuse plus ou moins, il en utilise tout de même certains procédés.
Important: le poème en prose doit être «clos sur lui-même», parfait, situé et placé.
L’humour et la fantaisie surgissent des jeux de mots et de sonorités et des effets de surprises créés par les références explicites à des genres sérieux dans un langage quotidien.
Conclusions imprévues qu’on peut assimiler à des pointes.
Dérision de la littérature: rupture avec la cohérence spatio-temporelle du récit réaliste.
Esthétique du dépaysement; il cherche non à surprendre mais à transplanter.